stupeur du tremblement

 Je revois sa main tremblante sur mon sein…

Je regardais cette main que j’avais voulu prendre en photo, une année plus tôt, avant qu’il ne me demande de photographier aussi son pied.

Le soleil passait entre les persiennes parisiennes.

Une sorte d’amour nous avait assommés et je me suis retrouvée lovée dans ses bras qui ne m’aimaient pas, sa main sur mon sein. Gauche. 

J’ai cru qu’il con-cédait, qu’il admettait ma féminité, lui qui aime aussi les hommes.

J’ai pensé qu’il re-con-naissait.

J’ai été émue d’une hésitation adolescente, d’une peur frissonnante.

J’ai regardé ses doigts voyager en saccades sur l’aréole, folle du mirage et de son sens, à mes sens.

Plus tard, j’ai vu ses doigts effleurer avec le même désordre la tasse à café.

Mon sex-agénaire.

sata/nique

 J’avoue des déviances étranges, des élans morbides peut-être.

A la limite, sur la crête.

J’ai aimé l’homme à l’étoile, l’enfant de David, comme je voulais dire tout mon amour pour Israël. J’ai laissé entrer un homme pour protéger tout un peuple, l’accueillir en moi et le serrer fort en écoutant le bruit des bottes. J’avoue ce n’est pas lui que je voulais mais toute la diaspora, lui offrir du doux, de l’humide, du chaud pour demander pardon.

J’ai tendance à croire que le sexe apaise les souffrances du monde.

Je me balade à Verdun, dans une émotion admirative, j’aimerais prendre un peu de leurs douleurs, comme si mes maux ne me suffisaient pas à dire « c’est moi qui ai vécu », je me balade dans Fleury, le village mort, en m’excusant d’être en vie.

Je repense à Vian, « j’irai cracher sur vos tombes » et je sens monter en moi un élan irrépressible. D’une main dans la culotte j’entame l’innommable : « j’irai me branler sur vos tombes ».

Donner aux soldats ce qu’ils n’ont pas assez connu,  tenter de couvrir les râles lugubres par de doux soupirs et dans un cri de délivrance, remplir mon devoir de jouissance. Mon cœur fou dans ma poitrine couvre le bruit des obus, je ferme les yeux, mon corps se donne à leurs âmes.

Pour laver les crimes contre l’humanité, je revendique la baise pour l’humanité.

donner et prendre

J’ai dit « je ne vais pas te donner cette victoire-là »,

comme si nous menions une bataille,

duel plus que duo.

Je voulais bien me donner, pas m’abandonner.

Aujourd’hui je con-cède

De moi à toi, j’accepte :

Prendre mon pied….

.

.

 

points de suspension

 

« Cette fille a un grain… »
Ils courent sur ma peau, jalonnent ma vie,
d’épisode de douceur coquine en épisode de douleur sanguine.
J’aime cet endroit particulier où les petits font la ronde autour de leur soleil.
Viens tout contre moi,           retrouve l’endroit,
Viens, récolte un à un, mon petit Poucet
Partage mes grains de folie.
Pour la gourmandise…

.

vrai ment

 » J’écris sur toi  »
 » Je n’écris pas sur toi  »
Deux vérités,
pourquoi s’étonner alors 

que parfois
le réel n’existe pas…

 

.

fleur bleue, bleu à l’âme.

condamnées nous sommes 

à souffrir par les hommes 

nous voulons faire souffrir en retour 

mais n’échouons que dans l’amour 

j’aime m’échouer…

. 

bien pendue

J’aimerais te la donner, 

Pas seulement celle des mots. 

Ma langue…

Celle qui tangue 

Dans ma bouche 

Celle qui rêve 

Qu’elle te touche  Ma langue, trop gourmande 

Qui rit de ces lèvres Non étanches aux désirs de sève 

Ma langue 

Qui danse
Qui part  Qui rêve
Au dard
Sans fard
Elle avance doucement
Elle avance
Solide comme un phare
Pour affronter ta tempête
L’écume à ma fente
Ne trahit que le désir d’encore 

J’aimerais te la donner 

Ma langue, 

Mon Fang… .

froidure

 

Ce matin, il a encore neigé.

Désirs congelés,

délirs de con gelé

dérives de congés

des rides de projet

des vides objets

des vits en jets

des vies déviées.

J’ai froid.

.

allers et venues

Je te laisse ……………………. rattrape-moi.
Je mets de la distance …….. réclame-moi.
Je me réserve ……………….. entame-moi.

.

épluchure

 

Si l’encromancie permet d’interprêter les choses au travers des taches d’encre, je me demande comment s’appelle l’art divinatoire qui lit les choses dans les épluchures de fruits et légumes…
 

Je viens de manger une mandarine, j’ai peur que l’épluchure ne trahisse mes pensées…